Alors que les mots participation, concertation, co-construction et leurs déclinaisons ont rejoint ces dernières années le vocabulaire courant, Osmose – la fabrique du vivre-ensemble tire entre autres son expérience d’autres méthodologies qui datent elles de plusieurs dizaines d’années, à savoir la « Community-based approach » ou encore la « participatory approach » – approche basée sur la communauté ou approche participative.
Celles-ci sont issues du monde du développement, de la coopération internationale et de l’humanitaire.
Qu’est-ce que la community-based approach ?
La Community-based approach est une manière de travailler en partenariat avec les populations et personnes bénéficiaires d’un programme, en les intégrant à chacune des étapes du cycle de projet (diagnostic, définition du projet, implantation des activités, évaluation).
Cette approche replace les populations au centre du projet, reconnaît les compétences, les capacités et les ressources des personnes concernées pour construire avec elles des solutions durables et les soutenir dans leurs propres objectifs et prises de décision.
Cette définition nous amène alors à réfléchir au concept de « communauté ».
La notion est large et il n’y a pas de définition qui fasse l’unanimité.
Nous retiendrons ici que la communauté est un collectif de personnes qui habite, évolue ou vit dans un espace donné, qui partage des intérêts communs, et qui est prêt à contribuer à un objectif pour le groupe.
Cette communauté est plus ou moins stable et homogène ; elle peut être constituée de sous-groupes ainsi que de communautés temporaires ou intermédiaires.
D’où vient la community-based approach ?
La community-based approach est une synthèse de différentes dynamiques de recherche, recherche-action et changement de paradigme qui émergent dans les années 60 et se formalise dans les années 80-90.
Parmi les grandes phases d’émergence de la community-based approach, nous pourrions retenir qu’à cette époque, les limites d’un développement qui ne repose que sur l’économie sont perceptibles.
Une nouvelle façon de penser met en avant un développement participatif qui viserait à remettre les populations au cœur de leur propre processus de développement.
Les théories de Paulo Freire dans les années 70 ont influencé ces nouvelles approches, notamment en reprenant les mécanismes de la prise de conscience.
Dans les années 90, des nouvelles formes d’exclusion apparaissent et amènent à reconsidérer la place des différents groupes de population dans les projets de développement.
Il s’agit ainsi de permettre aux individus de jouer un rôle actif et déterminant dans l’élaboration des programmes et les prises de décision qui influent sur leur vie.
Cette dynamique est résumée sous le vocable « empowerment » (responsabilisation).
Robert Chambers illustre ces réflexions en positionnant les plus pauvres au centre des mécaniques de développement social.
La structuration de la community-based approach doit beaucoup à l’intervention des chercheurs en sciences sociales et anthropologie du développement qui se sont intéressés aux dynamiques de changement social.
On retrouve ainsi des méthodologies des sciences sociales pour analyser des contextes selon la RRA – rapid rural appraisal (évaluation rapide rurale), puis la PRA – participatory rural appraisal (évaluation rurale participative) qui visaient à associer les populations à la collecte et l’analyse de données pour contourner les biais de l’enquête socio-anthropologique menée exclusivement par les chercheurs.
Un dernier changement de paradigme viendra alors multiplier les community-based approaches.
Dans les années 2000, les organisations internationales font évoluer leurs pratiques, passant de l’assistance individuelle à travers des services communautaires à un renforcement de connaissances, de compétences et de capacités des communautés bénéficiaires pour les accompagner vers davantage d’autonomie.
Quels sont les ressorts et les intérêts de la community-based approach ?
La community-based approach repose sur l’idée d’un possible processus de transformation, de changement, dans un contexte donné.
De façon synthétique et schématique, listons les principales composantes de la community-based approach et dont certaines se retrouvent dans les concepts actuels de « participation et concertation » :
- Placer les communautés bénéficiaires d’un projet au centre du projet,
- Respecter le droit de la communauté de participer au processus de décision pour les sujets qui la concerne et pourrait influencer significativement sa vie,
- Offrir la possibilité d’être actif et engagé dans, avec et pour sa communauté,
- Susciter la participation et la mobilisation de manière à ce que les membres de la communauté y trouvent leur intérêt,
- Respecter le droit des communautés à l’information, à la transparence et à la redevabilité de la part des équipes projets,
- Renforcer les capacités de la communauté de toutes les manières possibles,
- Respecter les systèmes de fonctionnement et d’adaptation qui existent au sein de la communauté.
L’intérêt de la community-based approach est de :
- Mieux comprendre une problématique et les différents éléments,
- Mieux répondre aux besoins des communautés concernées et proposer des projets pertinents,
- Proposer des solutions adaptées, assurer l’accès à des services appropriés, accessibles et de qualité,
- S’inscrire dans la durabilité, en renforçant les capacités des populations et en les accompagnant vers une autonomie,
- Utiliser efficacement les ressources disponibles,
- Travailler à la résilience des populations,
- Prendre en compte les risques, les effets indésirables d’un projet et anticiper les possibles impacts négatifs,
- Inclure les groupes les plus vulnérables, exclus ou marginalisés,
- Engager la communauté dans l’appropriation et la maintenance des infrastructures et des services,
- Impulser des dynamiques de changement de comportements.
Le praticien de community-based approach a un rôle de facilitateur à jouer. Il s’appuie sur les communautés, reconnaissant qu’il a une présence temporaire et éphémère il doit néanmoins œuvrer à des impacts durables de son intervention. Il a des compétences de compréhension des dynamiques de groupes, de médiation et de résolution de conflit, et une posture de distance, d’impartialité et de respect des personnes et des différents cadres socio-culturels.
Les community-based approaches appliquées
Emmanuelle, fondatrice d’Osmose – la fabrique du vivre-ensemble, a utilisé différentes méthodologies de la community-based approach lors de ces expériences professionnelles précédentes.
Les composantes et les dynamiques de la community-based approach se retrouvent largement dans le mode d’intervention d’Osmose – la fabrique du vivre-ensemble.
NB/ plusieurs mots sont en anglais ; la majorité des recherches et écrits sont issus des universités et milieux anglo-saxons, et certains termes peuvent perdre une partie de leur sens dans les traductions françaises.
Article écrit par Emmanuelle Le Roy